mercredi 12 septembre 2012

Pelléas & Mélisande


Il y aurait beaucoup à dire, la nuance est un long métier, et la vie si courte chaque jour. 

Pelléas et Mélisande est un très beau film sans images, une très belle musique pleine d'images, un très beau temps fait de musique.

En apparence d'une relative simplicité, le "drame lyrique" de Debussy fourmille d'éclosions de mélodies, de commencements de mélodies, de bulles d'harmonie qui éclatent, au détour d'une mélodie, comme à la surface d'un étang. 

Et sous ce qui peut passer pour une forme de sagesse ou de calme, si l'on oublie ce qu'était l'harmonie tonale avant le basculement de la fin du XIXe siècle (*), on peut entendre pourtant que tout vole en éclats, fût-ce ici dans la douceur. Et les éclats dessinent une histoire d'amour et de tristesse, de douleurs cachées, de bague perdue et de bord de l'eau, de lieux lents sans lumière qu'éclaire seule la musique, d'horizons interdits, où tout part du mystère et retourne au mystère.

C'est un texte en langue française, écrit par Maurice Maeterlinck, et dirigé ici par Pierre Boulez aussi humblement et dignement qu'à son habitude, sans effets superflus, avec seulement le lyrisme physique qui fait passer de l'écriture à l'incarnation, du texte à la musique, du mot au chant.

J'ai voulu que l'action ne s'arrêtât jamais, qu'elle fût continue, ininterrompue. La mélodie est antilyrique. Elle est impuissante à traduire la mobilité des âmes et de la vie. Je n'ai jamais consenti à ce que ma musique brusquât ou retardât, par suite d'exigences techniques, le mouvement des sentiments et des passions de mes personnages. Elle s'efface dès qu'il convient qu'elle leur laisse l'entière liberté de leurs gestes, de leurs cris, de leur joie ou de leur douleur.




CD 1, ici :






CD 2, ici :








CD 3, ici :





(*) Voir Deux films courts de Straub & Huillet, La musique ici, et Offrande musicale et pantoufle de vair, Bach, La musique ici.


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jeudi 6 septembre 2012

Un silence extraordinaire


Un Silence extraordinaire - titre emprunté à Debussy dans une réplique de Pelléas et Mélisande, c'est-à-dire en fait à un livret de Maeterlinck -, mixtape pour le blog de Joseph Ghosn : 



Il y a toujours un silence extraordinaire. On entendrait dormir l'eau. Voulez-vous vous asseoir au bord du bassin de marbre ? Il y a un tilleul où le soleil n'entre jamais.