jeudi 30 septembre 2010

Michel Foucault, Autoportrait, Radio Canada 1971


Une interview, au demeurant fort bien menée, radieuse et lumineuse, d'une enthousiasmante densité de propos, d'une souplesse problématique à l'envers de toute restriction de la pensée à des sectarismes aveuglés - même si, bien sûr, qui jamais réchappera aux idées qu'il s'est faites ? -, enfin et presque surtout, et dans une langue superbe : d'une clarté sans-une-ombre des idées et des jonctions, de comment se lient et s'agencent et se justifient tous ces mots, ces modes de questionnement, d'affirmation et de révolte, ces comptes-rendus d'années passées à constater écarts et divorces entre existence du monde et exercice d'une parole sur, entre présence des hommes et possible émancipation, et à tâcher de les rejoindre.

Inscrite dans la corporéité inétouffable d'une voix ô combien vivante - mouvante, surprenante, mue par des forces -, la pensée de Foucault, qui par passages prend le risque de cette exposition autobiographique où le discours de sagesse peut toujours s'abîmer, et qui lui sert ici au contraire d'éclaircissement supplémentaire et d'humanisation constante du mot, cette pensée se serait-elle, un jour de 1971, donné sans le savoir 26 minutes pour offrir quelques pistes à ses camarades humains, des fois qu'elle devrait quitter le monde 26 minutes plus tard ?

Rien n'est improbable.




C'est ici :





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