samedi 12 février 2011

À mon seul désir


Aujourd'hui pour la première fois j'ai vu la Dame à la Licorne.


Silence scintillant.






Aujourd'hui pour la première fois j'ai vu dans sa réalité la Dame à la Licorne, souvent vue sur des reproductions qui n'en disent rien ; ni, au moment voulu, n'en émoussent rien.

Extraordinaire et vibrant châteoiement pur : irréel, et comme incroyable, flottement de présence, granuleusement de lumière, ou plutôt vertical, dans les stries de tout côté, temps suspendu dans le geste infiniment continué de son épanouissement, de son immédiateté tremblante : vie.






Plus tôt, une magnifique Vierge de douleur, fragment de retable en bois : sinueux, divagant, des arbres merveilleux, plus intense en un mètre carré que tant d'appartements immenses, d'avenues désincarnées ; des fragments de retables en albâtre, comme de chair de porcelaine, par qui sculptée ? Des vitraux ; des corps rongés de marbre ; des visages de marbre et les marteaux du temps ont détruit ces visages ; des tissus.






S'il vous plaît, allez voir le Musée National du Moyen-Âge, situé 6, Place Paul Painlevé - père de Jean -, 75005 Paris. Sauf le mardi, il est ouvert tous les jours de 9 h 15 à 17 h 45, ce qui laisse chaque semaine des dizaines d'heures ouvertes à la possibilité d'aller voir une dame tellement plus belle, tellement plus bouleversante, transformante, surprenante, tellement plus donneuse de joie, tellement plus étape sur le chemin d'une vie, qu'une partie importante des moments inutiles, comme si l'on y croyait, que l'on passera les autres jours à parler de choses les mêmes, à vendre à des humains des objets sans usage, des discours sans pensée, des programmes sans avenir, à rater des trains, des occasions, et des occasions de prendre le train, à dilapider le temps, à mourir, à mourir bientôt, à ne pas faire la différence entre ce qui améliore et ce qui ment.





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