lundi 4 janvier 2010

Roy Orbison, Apollinaire, Renoir


Aujourd'hui sur le chemin de l'exposition Renoir au Grand Palais, je me trouvai sur les Champs-Élysées : et je chantais cette chanson de Roy Orbison, California blue - "still missing you, California blue" -, sur ce disque qu'il termina avant de mourir et qui est si beau : Mystery girl.
Et profitons-en pour rebondir sur Apollinaire, qui est là pour ça : "Et je chantais cette romance / En 1903 sans savoir / Que mon amour à la semblance / Du beau Phénix s'il meurt un soir / Au matin voit sa renaissance".

Mystery girl, ce sont des ballades, c'est du rock n' roll lent et triste et plein de tous les violons possibles, c'est des racines country dans le fond, c'est des chansons d'amour, c'est l'adieu à la vie d'un homme qui ne s'est jamais vraiment relevé d'avoir perdu sa femme puis deux de ses fils vingt ans plus tôt par accidents, c'est la voix qu'Elvis qualifiait de plus belle du monde.
C'est ici :




Ensuite Renoir, c'était splendide.

Gabrielle à la rose (La Sicilienne), vers 1899 (mauvaise reproduction, qui écrase complètement l'original)


Même quand on s'en ira et qu'on ne la verra plus, Gabrielle restera là, dans sa nudité, dans sa nudité toujours disponible au regard.
Dans les textes de l'exposition - des nus, des nus, des nus, et quelques "vêtues", qui sont pires -, on lit que Renoir peignait des nus comme ceci parce qu'il s'inscrivait dans une tradition antique, en leur apportant cela parce qu'il avait une manière moderne, en mélangeant telles influences en raison de telles raisons.
Ce qui est drôle, c'est la chose suivante : à aucun moment ils ne disent qu'il peignait des filles parce qu'il aimait les filles.
Il a peint Gabrielle parce qu'il aime sa peau, parce qu'il aime ses yeux et son regard, il a peint Gabrielle parce qu'il aime ses seins blancs ponctués de rose, parce qu'il aime la rose dans ses cheveux et ses cheveux devant l'oreille, tombant collés mouillés sur le blanc-rose des joues.
Il la peint sur un fond fait de couleurs et d'eau, parce qu'elle et la couleur sont sœurs : elles sont ce qui chatoie, ce qui brille, ce qui vit ; le reste, c'est le reste du monde et ça ne l'intéresse pas.

D'ailleurs, dans la salle suivante, cette citation au mur : "Regardez donc la lumière sur les oliviers, ça brille comme du diamant. C'est rose, c'est bleu… Et le ciel qui joue à travers. C'est à vous rendre fou. Et ces montagnes là-bas qui passent avec les nuages… on dirait des fonds de Watteau." Sur ces fonds se détachent, cœur de tout, des gabrielles.

"La femme nue sortira de l'onde amère ou de son lit, elle s'appellera Vénus ou Nini, on n'inventera rien de mieux."



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