jeudi 14 janvier 2010

Suetsu & Underwood, The Love album


Depuis une petite quinzaine d'années, Alejandra Salinas, née à La Rioja en Espagne en 1977, et Aeron Bergman, né à Detroit en 1971, et tous deux aujourd'hui basés à Oslo, travaillent ensemble sous le nom d'Alejandra & Aeron, dans ce champ qu'on appelle parfois, parfois semble-t-il un peu malencontreusement, "art sonore", quand on pourrait tout aussi bien parler de musique.
Concernant leurs disques en tout cas, le terme est une évidence.



The Love album, l'un de leurs tout premiers disques et l'un des plus beaux, qu'ils avaient fait paraître sous le nom de Suetsu & Underwood, correspond parfaitement au "genre" sous lequel Aeron range leurs premiers travaux :
sentimental electro acoustic or something.

Sur le thème de l'amour et de la rencontre amoureuse, il s'agit d'un collage sensible et talentueux de bribes d'interviews - des personnes racontent une rencontre -, d'enregistrements divers - bruits d'eau, bruits de cuisine, bruits de vie - qui servent de matériau à la fois narratif et musical et, comme tels, sont alternativement utilisés de manière brute ou dans un travail de répétition, d'étagement et de disposition autrement dit : de composition, et de brefs instants de musique acoustique ou électronique ou électroacoustique qui passent, comme des morceaux de chansons qu'on entend sur un chemin pluvieux et que le vent emporte, comme il emporte, chanson parmi d'autres, l'histoire d'amour de la chanson.



L'objet final, c'est trente-six minutes de pureté comme une goutte de temps joli dans les années obscures qui roulent.

C'est aussi le contraire de la douloureuse épreuve intellectuelle que d'autres auraient pu en faire. (Gide, à la première page de La Porte étroite, par pure convention littéraire bien sûr, fait dire au narrateur qu'il n'a pas mis en ordre, en forme, les souvenirs, n'a pas cherché à les organiser, à faire un bel objet fermé sur la rigueur d'une perfection ; il écrit à peu près : D'autres en auraient pu faire un livre ; mais l'histoire que je raconte, j'ai mis toute ma force à la vivre et ma vertu s'y est usée.)



On pourrait parler de cinématographe à entendre, on pourrait dire que c'est de la vie devenue notes et matière sonore, on pourrait dire que, du temps qui passe, sont extraits ici et ici des fragments audibles, des pétales sonores, remélangés ensuite et comme au cinéma, montés, et comme en symphonie, superposés, pour créer une nouvelle et inédite bande de temps, mélodieuse, harmonieuse, dont le début et la fin font le début et la fin de l'histoire, et dont le déroulement institue dans le monde un temps parallèle, planète dans la planète, temps dans le temps, rythme dans ce qui n'en a pas, et que le disque est cet objet capable de réitérer à l'envi l'expérience heureuse de ce ruban sonore juxtaposé soudain aux routes de temps de la vie qui va…

Mais il y a un mot beaucoup plus simple pour dire tout cela et, ou, beaucoup d'autres choses : c'est de la musique.




Et c'est ici :




In 1997 Alejandra and I moved to New York from Toronto. Alejandra studied art at SVA, I studied art at NYU. In the fall of 1997 I took Peter Campus's video art course where I met Daniel Raffel. We sat together and shared a video camera. We were soon fast friends and the three of us took long walks around Chinatown, Chelsea and the lower east side, making recordings and looking for Borscht, Challa Bread, the human soul and that sort of thing. We soon agreed that it would be a good idea to publish our sound diaries and electronic experiements.

Daniel knew a great deal about the industry and had a prolific knowledge of software and internet distribution. We all shared the idea that academic electro acoustic music was too worn out, too formulated, too stylistic and too self serious. We were also not interested to produce anything too marketable. We wanted to make objects existing in more than one genre : our generation has claustrophobia. We added our collective short-attention span, home technology, conceptualism, design aesthetic, non-conformity, romanticism and energy. We worked well together for a few years.



At the time, there were not so many audio works focusing on field recordings, family home tapes or non academic electro acoustics. The recordings came from our wanderings around New York, and family recordings such as Daniel's lovely segment from his high school graduation. We both owned portable DAT recorders, and made heavy use of them. Recording fragmented audio snapshots from three people, our cities and families, it was a very early example of folktroniks: maybe better described as "sentimental electro acoustic or something".



Also, CDr was a newish medium that seemed to have democratic possibilities, so we wanted to take advantage of that. This was all before MP3. We made 30 copies at first and did another repress of 15 after they sold out. It was funny to see this disc in New York's "Other Music" sitting on the shelf next to their pop products. Oh, and at the time, we were going by the name "suetsu and underwood" for some reason I forget now.


Aeron Bergman, Lucky Kitchen early history







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